Le général Faure-Biguet vers 1901
Paul-Vincent Faure-Biguet (1838-1919) est un
général français, Grand Officier de la Légion d'honneur, qui fut
chef du cabinet du ministre de la Guerre en 1883 et
gouverneur militaire de Paris
de 1901 à 1903. Pendant la première guerre mondiale, il occupa
également les fonctions de vice-président de la
société de secours aux blessés
militaires. Il ne doit pas être confondu avec son cousin
germain, Gabriel-Isidore Faure-Biguet (1838-1919), général de
brigade et Commandeur de la Légion d'honneur.
Sommaire
Biographie
Paul-Vincent Faure-Biguet est né à Crest (Drôme) le 19 octobre
1838. Son père était médecin et sa mère une petite-nièce de
Barthélémy
Barou de Canson, pair de France. Il était par conséquent allié,
par la famille des Canson, aux Seguin et aux
Montgolfier d’Annonay.
Entré au lycée de Tournon en 1852, il en ressortit bachelier à
dix-sept ans.
Il se rendit alors à Lyon pour y étudier la médecine, avec
l'intention de continuer dans sa petite ville la carrière de son
père. Mais les relations qu'il y eut avec des officiers le
poussèrent vers l'état militaire et il fut reçu à l’école
spéciale militaire de Saint-Cyr la même année 1856, sans
préparation.
Entré le 6 novembre 1856, il en sortit sous-lieutenant le
1
er octobre 1858 et fut incorporé sur sa demande au
1
er régiment d'infanterie de marine à Cherbourg.
Carrière militaire
En 1860, il partit pour la Martinique puis, de là, passa à la
Guadeloupe en qualité d'officier d'ordonnance du gouverneur, le
colonel puis général
Charles Victor Frébault. Le 9 octobre
1861, il fut nommé lieutenant et passa au 2
e régiment
d'infanterie de marine. En 1862, il était à la Havane où se
réunissaient les troupes envoyées au Mexique. Après avoir fait la
campagne en qualité d'officier d'ordonnance du général Henrique, il
rentra en France après le
traité désavoué de la Soledad (19
février 1862), atteint de fièvres intermittentes et d'une affection
du foie qui l'éloignèrent longtemps de son régiment et menacèrent
de briser sa carrière.
Il repartit en 1864 pour la Cochinchine, se distingua au cours
d'une pénible et périlleuse campagne dans le commandement d'un des
escadrons de cavalerie que l'absence d’officiers de l'arme
avait contraint de confier à des officiers d'infanterie de marine,
et reçut pour sa belle conduite les épaulettes de capitaine (20
décembre 1864). Il avait alors vingt-six ans.
À peine rentré en France (août 1865), sa nomination
d'adjudant-major au 2
e régiment d’infanterie de
marine (22 décembre 1865) l’appela de nouveau aux Antilles et
il partit pour la Guadeloupe. Mais ce brusque changement de la
Cochinchine aux Antilles faillit lui être fatal.
Malade et renvoyé en France avec un congé de convalescence, il dut
songer à quitter la marine pour entrer dans l'armée de terre. Par
suite de ce changement d'arme, son rang de capitaine fut reporté au
18 avril 1866 et il intégra le 27
e régiment d'infanterie
le 12 octobre 1867. Il y resta jusqu'à l’été de 1870 où,
alors en garnison à Lyon, il était pourvu, depuis le 19 avril 1868,
des fonctions de capitaine instructeur de tir. De nouveau capitaine
adjudant-major le 14 juillet 1870, il dut rejoindre son dépôt à
Bourg et ne put suivre les bataillons actifs de son régiment sur le
Rhin. Ce fut en fait pour lui une circonstance heureuse qui lui
permettra de prendre part à la suite de la campagne car le
27
e fut fait prisonnier à
Sedan sans avoir été engagé autrement que
pendant quelques instants au
combat de Beaumont.
Les revers successifs des armées françaises amenèrent en effet la
création de nouvelles troupes et Faure-Biguet fut incorporé dans le
119
e régiment de marche qui fut envoyé à Paris.
Après le combat de Châtillon (13 octobre 1870), Faure-Biguet
demanda et obtint le commandement des hommes de bonne volonté avec
lesquels on forma les francs-tireurs de la 2
e division
dont le 119
e faisait partie.
Ce fut à la tête de cette troupe que Faure-Biguet, le 21 octobre
1870, remporta un réel succès lors de la sortie ordonnée par le
général
Ducrot et dirigée sur Rueil, la
Malmaison et
Buzenval. Désigné comme
chef d’attaque de la colonne Cholletou (1 600 hommes),
Faure-Biguet enleva sous le feu d'une formidable artillerie le
château de Buzenval occupé par les Allemands. Il combattit ensuite
à
Champigny (30 novembre), au
Bourget (21
décembre) et à Montretout.
À la suite de ces brillants faits d’armes, Faure-Biguet fut
nommé chef de bataillon le 4 janvier 1871. Il n'avait que
trente-deux ans.
Après l’armistice, le 111
e d’infanterie dans
lequel le jeune commandant avait été versé fut licencié et ses
cadres se rendirent à Albi pour y constituer le 11
e
régiment d’infanterie en se groupant à ceux du
111
e de marche et 111
e provisoire.
Faure-Biguet tenait donc garnison à Albi lorsqu'une décision du
ministre de la Guerre
1
l'appela à Saint-Germain comme commissaire du gouvernement près le
8
e conseil de guerre créé pour juger les auteurs et les
participants de la
Commune insurrectionnelle de Paris.
Il eut là un labeur considérable, une tâche délicate dont il
s'acquitta de façon à obtenir, dès l'année 1872, la croix de
Chevalier de la Légion d’honneur (3 août 1872).
À la dissolution du conseil
2,
envoyé d'abord au 102
e régiment d’infanterie, puis
aux 65
e (8 février 1873), 137
e (3 octobre
1873), et enfin 85
e régiment d'infanterie à Paris (27
octobre 1874), il se trouvait dans ce dernier corps lorsque sa
nomination de lieutenant-colonel au 18
e régiment
d'infanterie l'envoya à Pau (29 mars 1879).
Son séjour à Pau fut de peu de durée car, à la fin de la même
année, le général
Gresley, alors ministre de la Guerre, l'appela
au ministère, sans le connaître et sur la seule vue de ses notes,
comme sous-directeur de l'infanterie, sous les ordres du général
Thomassin, d'abord, puis du général
Thibaudin, dont il fut le collaborateur
pendant près de deux ans (du 10 janvier 1880 au 17 novembre 1881).
Il était alors nominalement affecté au 112
e régiment
d'infanterie (21 février 1880) puis au 126
e (3 juin
1881).
Le 5 août 1880, il fut l'un des deux témoins (avec le colonel comte
de Sesmaisons
3)
du député radical de Cherbourg, M.
La Vieille, lors de son duel au pistolet
avec Paul Déléage, rédacteur au Gaulois.
Il fut rappelé au ministère par son ancien directeur, le général
Thibaudin, devenu ministre
4,
qui le choisit comme chef de son cabinet militaire (il occupa ce
poste du 31 janvier au 22 septembre 1883), et fut affecté
nominalement (à partir du 6 mars 1883) au 88
e régiment
d’infanterie. Sa nomination de colonel (2 juin
1883
5)
le plaça à la tête du 24
e régiment d’infanterie,
dont il prit le commandement effectif à l'automne, lorsqu'il quitta
la rue Saint-Dominique à la suite de dissentiments avec son
ministre (22 septembre).
Pourtant, aussitôt après, alors que les journaux spéculent sur la
prochaine nomination du
général Boulanger, directeur de
l'infanterie, au grade de général de division, Faure-Biguet
apparaît comme le favori pour remplacer celui-ci à son poste.
L'impartial des Alpes, 4 novembre 1883
La promotion de généraux qui sera signée vers la fin du mois et
que nous avons annoncée hier, comprendra le général Boulanger,
aujourd'hui directeur de l'infanterie au ministère de la guerre,
qui sera promu au grade de général de division.
Le général Boulanger sera remplacé dans ses fonctions par le
colonel Faure-Biguet. Ce dernier, qui fut sous-directeur de
l'infanterie, a rempli, auprès du général Thibaudin, les fonctions
de chef de cabinet un mois avant la démission du général
Thibaudin.
Le colonel Faure-Biguet ayant blâmé les agissements politiques
de l'entourage du ministre fut, sur sa demande, replacé à la tête
d’un régiment.
Mais Boulanger n’est pas l'un des trois généraux de division
nommés le 1
er décembre 1883 et lorsque celui-ci est
élevé au grade de divisionnaire, le 18 février 1884, c'est le
général
Coiffé qui lui
succèdera à son poste.
Ayant alors demandé et obtenu le commandement d'un régiment
d’Afrique, Faure-Biguet fut placé le 30 décembre 1884 à la
tête du 4
e régiment de zouaves à Tunis. Tout en restant
colonel titulaire de ce régiment, il fut envoyé en 1886 à Gabès,
pour y succéder aux généraux Logerot et de la Roque, dans le
commandement militaire du sud de la Régence. Par décret du 28
décembre 1888, il fut élevé à la dignité d'Officier de la Légion
d'honneur.
Après trois années de séjour sous ce rude climat, il reçut le 5
octobre 1889 les étoiles de général de brigade : c’était
la récompense des services qu'il venait de rendre dans ses
fonctions pénibles, dangereuses et particulièrement délicates en
raison de la turbulence des tribus du sud et du voisinage de la
frontière tripolitaine dont il avait la surveillance.
À partir du 21 octobre de la même année, il exerça en Algérie le
commandement de la subdivision de Dellys, dont le territoire
comprenait la grande Kabylie, c'est-à-dire la partie la plus
accidentée et la plus peuplée des possessions africaines de la
France.
Deux ans et demi plus tard (31 mai 1892), il passait à la
subdivision de Batna, à l'extrême sud de la province
d’Oran.
Rentré en France, il fut nommé le 26 décembre 1893 à la tête des
subdivisions de Rouen nord et sud ainsi que de la 9
e
brigade. Le 21 septembre 1894, il rejoignit Paris avec sa brigade
et devint membre des comités techniques de l’infanterie et de
la cavalerie
6.
Il fut élevé au grade de général de division le 28 septembre 1895
et, le 26 décembre de la même année, passa au commandement de la
27
e division (ainsi que des subdivisions de Grenoble, de
Romans, de Montélimar et de Gap) de l'armée des Alpes à
Grenoble.
Par décret du 28 juillet 1897, il fut élevé à la dignité de
Commandeur de la Légion d'honneur.
Le 26 avril 1898, il prit le commandement du 16
e Corps
d’armée à Montpellier.
De nouveau, les spéculations allèrent bon train et il fut question
de le nommer à la tête de l'état-major général.
Le Stéphanois, 25 septembre 1899
La succession du général Brault – Paris, 24
septembre.
Le Petit Caporal prétend que la nomination du général
Faure-Biguet à la tête de l’état-major général peut être
considérée comme certaine.
Par contre, le Matin croit que M. Faure-Biguet sera éliminé de
la liste des candidats à ce poste. Seuls, les généraux Langlois de
Torcy, Kessler, Jeannerod restent en présence.
En fait, Brault restera sans successeur et son adjoint, le général
Delanne, assumera la fonction de chef d'état-major général sans
jamais en avoir le titre.
Enfin, par décret du 11 juillet 1901, le général Faure-Biguet est
élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d'honneur, puis
il est nommé
gouverneur de Paris le 18
septembre 1901
7,
en remplacement du général
Florentin, atteint par la limite
d'âge, et qui allait lui-même succéder, le 23 septembre, au général
Léopold Davout, duc
d'Auerstaedt, comme grand chancelier de la Légion d'honneur.
Il restera gouverneur de Paris jusqu’au 19 octobre 1903, où
il passa au cadre de réserve
8.
Son successeur fut le général Dessirier, ancien commandant du
7
e corps et récemment nommé membre du conseil supérieur
de la guerre.
Il mourut à Lugano, en Suisse, où il résidait depuis neuf ans pour
raisons de santé, le 28 octobre 1919.
À Gabès, dans le sud de la Tunisie, un boulevard a longtemps porté
son nom.
Décorations
Vie privée
Alors qu'il était sous-lieutenant au 1
er régiment
d’infanterie de marine, Paul-Vincent Faure-Biguet avait
épousé à Cherbourg, le 28 décembre 1859, Marie Tierney, demoiselle
d'origine irlandaise, dont il eut deux fils : Gustave Charles
(né le 4 juillet 1863) et Charles Louis (né le 27 mars 1865).
Il divorça le 3 mai 1888, avant d'épouser en secondes noces, le 21
décembre 1888, Sophie (
Sonia) Krysińska de Leliwa,
fille d'un ancien officier et homme politique polonais réfugié en
France, le comte
Alexandre Krysiński
de Leliwa, et d'Eudoxie Tolboukhine, issue de la famille russe
d'origine princière des
Tolboukhine.
Il est le grand-père de
Jacques-Napoléon
Faure-Biguet, romancier et journaliste.
Notes et références
-
↑ C'était alors le général Ernest Courtot de Cissey.
-
↑ Les 7e et 8e conseils de guerre,
qui siégeaient à Saint-Germain, seront supprimés le 21 septembre
1872.
-
↑ Claude-Marie-Rogatien de Sesmaisons (1835-1920), plus
tard général de division et commandant du 17e
Corps.
-
↑ Le général Thibaudin fut ministre de la Guerre du
gouvernement Armand Fallières, du 29 janvier au 17 février 1883,
puis du gouvernement Jules Ferry II, du 21 février au 9 octobre
1883.
-
↑ Cf. Annuaire de l’armée française, 1884,
pp. 22, 118 & 231.
-
↑ Cf. Annuaire de l’armée française, 1895,
pp. 16, 17, 41 & 79.
-
↑ Cf. Annuaire de l’armée française, 1903,
pp. 43 & 87.
-
↑ Cf. Annuaire de l’armée française, 1905,
p. 100.