C1 Margarete BUBER NEUMANN. MILENA. Edition du Seuil 1986, broche, format 13.5*20 cm, 276 pages . coiffes et coins plats legerement touches, plats un peu passes, autrement BON ETAT, Bonne Apparence
« J’aime la vie, celle qui enchante, qui émerveille, qui rayonne, sous toutes ses formes, dans toutes ses manifestations, les jours ordinaires comme les jours de fête, en surface comme en profondeur… »
Milena Jesenská
« Tu leur diras qui je fus, n’est-ce pas ? Tu auras pour moi la clémence du juge. » Ces paroles de Milena, confiées peu avant sa mort à son amie Margarete, ont donné à l’auteur le courage d’écrire ce texte comme on exécute un testament : afin que les autres sachent. Ce n’est ni un roman ni un essai ni une biographie traditionnelle. C’est le témoignage d’amour d’une femme exceptionnelle pour une autre femme exceptionnelle : un hymne à l’engagement et à la vie, surgi du fin fond de ce que les hommes ont inventé de pire.
C’est en 1937, fuyant le régime allemand, que Margarete Buber-Neumann, jeune allemande, militante communiste, se réfugie en compagnie de son mari Heinz Neumann, ancien député au Reichstag, à Moscou, où ils seront arrêtés pour « déviationnisme ». Heinz disparaîtra aussitôt, sans doute exécuté, et Margerete sera déportée en Sibérie pendant deux ans. En 1940, le NKVD la livre à la Gestapo, qui la déporte à Ravensbrück. C’est dans ce camp, à quatre-vingt kilomètres au nord de Berlin, où sont enfermées environ cinq mille femmes (détenues politiques, Juives, Tziganes, « criminelles » et « asociales ») qu’elle rencontre peu après son arrivée Milena Jesenská (1896-1944), célèbre journaliste tchèque, qui fut, au début des années vingt, la destinataire des Lettres à Milena de Franz Kafka. Pendant près de quatre ans, jusqu’à la mort de Milena à l’infirmerie du camp, les deux femmes vivent un bouleversant compagnonnage. Au milieu de la misère et de l’horreur quotidienne, elles se racontent leur vie. La vie familiale et amoureuse de Milena, sa haine envers son père, sa brève liaison avec Kafka, ses deux mariages, d’abord avec Ernst Pollack, puis avec l’architecte Jaromir Krejcar, sa carrière étonnante de journaliste, ses traductions de Kafka en tchèque, sa force et sa désinvolture face à l’invasion nazie en 1939, ses déceptions de militante communiste. Margerete les rapporte fidèlement, tenant la promesse faite à Milena.
Ce livre n’est pas seulement la biographie d’une femme exemplaire, la traversée d’une époque magnifique (Prague et Vienne dans la tourmente artistique et intellectuelle de l’entre-deux guerres, quand l’art de Klimt jette ses derniers feux), c’est l’histoire d’une personnalité que l’on n’a pas brisée, d’un être libre parmi les humiliées. À l’encontre de nombreux intellectuels d’avant-garde des années vingt et trente qui se contentèrent de flirter avec le communisme, Milena Jesenská s’est engagée à fond, jusqu’aux ultimes conséquences pour une cause, dès l’instant où elle en avait reconnu la justesse. Son activité et ses prises de position politiques et sociales étaient exclusivement déterminées par des considérations morales : pour elle, les valeurs humaines l’emportaient. Entrée convaincue au Parti communiste en 1931, elle en fut exclue en 1936, et délivrée. Devenue le pôle magnétique de toute une génération littéraire de Tchèques et d’Allemands, son charisme et sa force ne l’abandonnèrent pas lorsqu’elle fut emprisonnée dans le camp. Gravement malade à plusieurs reprises, elle tint bon et sauva de nombreuses vies. « A l’en croire, elle était auparavant un être superficiel. Seule la maladie avait éveil en elle un sentiment de responsabilité à l’égard de la société et ce n’était qu’ainsi qu’elle était devenue une personne consciente, éveillée aux réalités politiques. » Certains passages donnent un bel éclairage sur Kafka grâce à de nombreuses citations (échanges épistolaires), mais aussi de paroles rapportées et fidèlement retranscrites par Margarete Buber-Neumann qui évoque également le formidable écrivain tchèque Karel Čapek, Maria Rainer Rilke, Max Brod… Cet ouvrage poignant, riche d’enseignement sur une époque à l’est, se lit d’une traite, nous emportant dans un tourbillon humain et historique à la fois éblouissant et terrifiant. Les thèmes abordés sont variés et cette amitié féminine est d’une grande force nourricière.
Milena veut dire en tchèque « amante » ou « aimée ». Semblant agir comme une prédestination, l’amour et l’amitié ont exercé leur empire sur toute la vie de Milena Jesenská, devenant peu à peu son destin.
Pascale Arguedas
On peut voir les liens ci dessous :
https://calounet.pagesperso-orange.fr/resumes_livres/buber_resume/buber_milena.htm
https://fr.wikipedia.org/wiki/Margarete_Buber-Neumann
https://fr.wikipedia.org/wiki/Milena_Jesensk%C3%A1
Port FRANCE metropolitaine = 3.25 Euros. Pour l´Etranger ou l´Outremer, me consulter
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